Comme une
barricade enfermant le domaine Ainsi se
découpaient, froids et silencieux, Les imposants
lauriers qui surplombaient la plaine. Alignés au
cordeau, garde-sots glorieux,
Ils condamnaient l'abord d'une haute culture Où le moindre
chiendent portait un nom latin Extrait d'une
racine élevant la nature Fort loin d'un
terre terre inculte et ballottin.
Trônant en cette
Olympe interdite au profane, Sages et
mandarins abaissaient, sourcilleux, Leurs regards
excédés sur une humble cabane Plantée à
contre-pied de leurs augustes cieux
Et qui, fenêtre
ouverte à l'aube buissonnière, Accueillait trois
enfants pour qu'ils peignent en rond Au cœur des
tournesols mil cheveux de lumière. Mais le pire à
leurs yeux, l'impardonnable affront,
C'était lorsqu'au
mois d'août l'orange coccinelle, Par delà les
lauriers désertait le Saint-Lieu, Pour aller se
commettre, en savante rebelle, Sur le nez d'un
gamin chantant : « bête à bon Dieu. » |