Recueils / Plumerrance /

POLI-CULTURE

Publié le 1995 par Modotre
 
Comme une barricade enfermant le domaine
Ainsi se découpaient, froids et silencieux,
Les imposants lauriers qui surplombaient la plaine.
Alignés au cordeau, garde-sots glorieux,

Ils condamnaient l'abord d'une haute culture
Où le moindre chiendent portait un nom latin
Extrait d'une racine élevant la nature
Fort loin d'un terre terre inculte et ballottin.

Trônant en cette Olympe interdite au profane,
Sages et mandarins abaissaient, sourcilleux,
Leurs regards excédés sur une humble cabane
Plantée à contre-pied de leurs augustes cieux

Et qui, fenêtre ouverte à l'aube buissonnière,
Accueillait trois enfants pour qu'ils peignent en rond
Au cœur des tournesols mil cheveux de lumière.
Mais le pire à leurs yeux, l'impardonnable affront,

C'était lorsqu'au mois d'août l'orange coccinelle,
Par delà les lauriers désertait le Saint-Lieu,
Pour aller se commettre, en savante rebelle,
Sur le nez d'un gamin chantant : « bête à bon Dieu. »

Marie-Claude Pellerin
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