Recueils / Plumerrance /

PLUS LOIN

Publié le 1995 par Modotre

Si l'ennui te taraude au froid du long couloir
D'un éternel hiver miné par son absence;
Si les traits du bonheur s'échappent du miroir
0ù jadis pétillait le clair de son enfance;

Et si tu geins, sans larme, un écœurant sanglot
Aggravé de bémols en funèbres cadences,
Ne pose pas ton cou sur le sang du billot
Dressé par la Camarde en jungle de potences

Où tremblent, décharnés, mil spectres en lambeaux
Morts aux matins brumeux de leurs désespérances,
Mais décrispe tes poings, par delà les tombeaux
Du cachot-cimetière usant tes souvenances,

Pour cueillir à la Mer un faisceau de reflets,
Bleutés à l'horizon quand l'infini l'embrasse,
Et baigner de tendresse, au verso des regrets,
La câline aquarêve où rit l'enfant qui passe.

Marie-Claude Pellerin
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