Aquarelle : Ruth Guinard
Tu viendras doucement par l’envers du tableau Et je saurai ton pas, ta discrète présence, Au frôlement léger de tes pieds sur la neige. Tu diras… et puis non ! tu ne parleras pas. Simplement à mon cou glacé tu noueras Une écharpe de laine. Alors tu t’assiéras.
Sur le banc, recueillis, nous vibrerons ensemble Aux échos mystérieux du silence à l’hiver Et lorsque par le vent soufflés mille cristaux Danseront sous l’aura de la lanterne blonde, Nos yeux mi-clos verront, à fleur de notre rêve, Poudroyer des étoiles. Alors tu souriras.
Magiciennes nocturnes éveillant les fenêtres Quelques bougies, sans doute – allumées une à une À l’heure où les secrets des âmes se chuchotent – Esquisseront pour nous, au tulle des voilages Des carreaux le contour… croix d’ombre et de lumière Sacralisant la nuit. Alors… tu partiras…
Et si, seule en la nuit dès lors impressionnante Je ne pleurerai pas, quand bien même égarée En plein cœur du tableau, c’est qu’avant de te fondre Au flou de ses couleurs, d’un trait tu auras peint, Vigoureux sur la toile, un arbre imaginaire Qui m’ouvrira ses bras. Alors j’y dormirai. |