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TAPIS ROUGE OU... BOUEUX ?

Publié le 6 juillet 2016 par Modotre

C’est fou comme un évènement peut engendrer – sorte d’avènement – l’éclosion d’une pensée en entraînant une autre, et puis une autre encore ! Tenez, l’autre matin : tranquille en mon cocon d’une douce maison des années 1900 soudain, coup de théâtre ou plutôt, coups de pioches, violents coups de marteaux et chute de plâtras au niveau supérieur, juste au-dessus de moi.
« Mon Dieu ! Est-ce le ciel lui-même et la bâtisse entière qui vont, tous deux ensemble, me tomber sur la tête ?
Sans compter qu’à présent, aggravant le séisme, me voilà sans eau chaude jusqu’à nouvel avis ! Et ma douche, oh, mon Dieu ! Ma sacro-sainte douche sans laquelle je ne peux, depuis des décennies, commencer mes journées pour entrer du pied droit, patati patata… »

C’est à ce moment-là que, se glissant, penaudes, de mon choc à mon âme, mes pensées nombriliques se sont humanisées ou mieux, fraternisées. Parce que, dans mon confort : 
· que sont trois coups de pioche démolissant le mur d’une ancienne demeure pour la rendre plus belle ? 
· qu’est-ce qu’un marteau-piqueur face à un bombardier là-bas, sous d’autres cieux, détruisant sans scrupule et, indifféremment, immeubles et hôpitaux que les rescapés fuient pour rejoindre un ailleurs par-delà les décombres de leurs vies saccagées ? 
Et moi, dessous mon ciel ? Là même où, sans mérite, jadis j’ai eu la chance de naître en un pays pour eux… terre promise, à l’issue d’un exil qu’ils n’ont pas mérité ? Vais-je crisper mes poings sur ma neutralité (!) et sur mes possessions, ou leur tendre une main grande ouverte au partage ?
Et si, selon certains : « on ne va pas, pour eux, dérouler l’tapis rouge ! » (sic), je crois résolument que c’est inqualifiable de les laisser croupir dans des camps grillagés avec, pour seul tapis, la boue noire et visqueuse s’infiltrant sous leurs tentes et encrottant leurs corps !

En terre d’Évangile, j’entends, au fil du Souffle, résonner ces paroles : 
« J’étais étranger et vous m’avez recueilli ! » 
Mots que je vais garder vivaces dans mon cœur en écoutant la pioche et le marteau-piqueur !
Marie-Claude Pellerin
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