L’évocation du thème de nos relations interpersonnelles m’amène souvent, ces derniers temps, à regarder droit dans les yeux ces antonymes, lourds de sens et pétris d’effroi : « dominant-dominé », dont l’actualité mondiale ne cesse de crier les ravages.
Si les gros titres et les médias captent mon attention navrée lorsqu’ils dénoncent les abjections que la folie du fanatisme engendre ailleurs, sous d’autres cieux, l’honnête question que je me pose, parce qu’impuissante, à large échelle, s’arrête ici et maintenant : dans mon foyer et ma famille, dans mon quartier, dans mon pays et… dans ma religiosité !
Dominant-dominé ! Qui de nous n’a pas en mémoire – par soi subis ou proférés – de ces mots claquant comme des fouets, impitoyables et arbitraires : « Tais-toi, minus, c’est moi qui tranche ! » Maître absolu, nabot servile, interchangeables à tout instant, même si nous préférons vaincre plutôt que perdre la maîtrise, en dignes imitateurs d’un Dieu qu’a travesti la religion !
Et si ? Si comme l’écrit Maurice Zundel :
« À la venue de Jésus, nous avons changé de religion parce que nous avons changé de Dieu ! » Si, comme il le rappelle encore :
« Jésus a évangélisé Dieu » et, renversant l’ordre établi, nous a fait passer, libérés, d’un Tout Puissant dominateur au Dieu Très Bas qu’en Sa Personne Il est venu nous révéler… alors nous entendrons Ses mots, lourds de sens et pétris d’amour :
« Je ne vous appelle plus serviteurs mais je vous ai appelés amis ! »
Dès lors avant l’Avent, en chemin jusqu’à Sa naissance dans cette étable où tout bascule, nous pourrons réapprendre à vivre et à marcher sans plus de crainte si ce n’est celle, Dieu nous en garde, de mépriser l’Enfant couché à notre merci sur la paille, à même le sol… comme ces milliers de réfugiés parqués dans des camps de transit et espérant qu’amis des hommes, nous les accueillions, fraternels, sans leur claquer la porte aux nez de nos helvètes hôtelleries où nous aimons régner… en maîtres !
… car :
« ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le ferez ! »Écouter aussi :
