Noël / Pèlerin de l'Avent /

6 DÉCEMBRE SAINT NICOLAS

Publié le 07/12/2012 par Modotre
La rêche bure et le bâton, un quignon sec pour tout repas, des traits émaciés sous teint pâle et point de sandales à ses pieds… Stop ! Qu’allez-vous imaginer ? Non ! Un pèlerin de l’Avent… Comment pourrais-je l’expliquer en condensant au maximum ? Eh bien ! Pronominalement, c’est d’abord vous, elle et lui, toi, eux, nous tous, autant que nous sommes ! En jeans troué, en robe longue, en complet-cravate ou training, dans la cuisine, sur un chantier, au bureau… bref ! Où en étais-je ?

Ainsi donc en ce matin-là, pèlerin peu conventionnel, j’ai sauté hors mon lit douillet, enfilé – « zip ! » - mon jeans à fleurs, et couru ouvrir le carreau, sixième à mon calen… Sans blague ! Il était vide ! Point d’anges. Pas de bougie. Personne… qu’un gros trou. J’ai froncé les sourcils, repoussé le battant et tout recommencé :
  • ouvrir – néant – fermer
  • ouvrir… évidemment ! J’aurais dû le prévoir ! Saint Nicolas, de nuit, s’était défenestré, puis…
    Non ! C’est un peu gros ! Inventons plutôt que, sur la pointe des pieds pour ne pas m’éveiller, il s’était échappé dans l’auguste dessein d’accomplir sa mission : couvrir de récompenses les enfants très, TRÈS sages !
  • « Et moi, dans cette histoire ? » 
    Alors j’ai réfléchi :

    Saint Nicolas tout court, je n’ai rien contre lui. Si j’en crois sa légende il serait, comme on dit, un sacré thaumaturge : ressusciter des gosses ! Trois d’un coup, c’est fortiche ! Néanmoins le créneau par lequel « Dieu sait qui » l’oblige à cheminer tout au long de l’Avent m’apparaît coupe-gorge ! Qu’il offre des biscômes aux enfants du quartier pour voir leurs blonds minois colorier la rue… là j’applaudis, je bisse ! Mais – sinistre trouvaille – qu’on l’ait acoquiné, sans qu’il sache pourquoi, à ce Père Fouettard agitant sous le nez des gamins turbulents son gros paquet de verges, prélude à la fessée… Pardon si je dis « pouce ! » Il faudra me convaincre !
    « Mais ! C’est juste pour rire ! Histoir’ de leur fair’ peur ! »
    … ainsi, je dramatise …
    Enfant d’un demi-siècle je ne porte pas moins, fourrés au cœur l’âme, les pernicieux décrets d’équations légalistes aggravant mon esprit de terrifiants constats extraits d’une racine humaine et… souterraine, car quasi infernale :
    « T’es gentil, t’as gagné      : t’auras ta récompense ! »
    « T’es méchant, t’as perdu  : t’auras droit à la verge ! »
    Fort simple et efficace, la loi portait ses fruits de plus en plus amers lorsqu’on y cumulait papa, maman, bon Dieu… même petit Jésus !
    « Fi donc, méchant garçon ! Tu t’es pincé les doigts… P’tit Jésus t’a puni ! »
    « Si tu étais gentille, tu n’serais pas tombée ! T’as fâché le bon Dieu et c’est ta punition ! »
    …patati patata.
    Amen. Alléluia …

    Rigole qui voudra, qu’importe… c’était dit ! Pire ! On le sert encore : sirupeux, pimenté, suivant qu’il est « chrétien » de déguiser bon Dieu en gendarme rougeaud ou en croque-mitaine.

    Ô Dieu !
    Qu’il va Vous en falloir
    des jours
    D’une extrême patience
    Débordant de tendresse,
    Pour gommer à jamais
    De nos cœurs négatifs,
    La noirceur du cliché
    D’un Ciel tout à rebours
    …tellement à l’envers
    qu’il imprime ad vitam
    au dos des paraboles,
    le pastiche endiablé
    « d’un Père avait deux fils »,
    embusquant le Fouettard
    au guichet de l’accueil
    …et tristement contraire
    à Sa miséricorde
    qu’en le lisant, le Père,
    ému et retourné,
    pleure encor… pleure encor…
    pour les siècles des siècles.

    Marie-Claude Pellerin
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