| Noël / Pèlerin de l'Avent / |
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15 DÉCEMBRE ARBRES| Publié le 06/02/2025 par Modotre |
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mon douillet « chez nous », les plantes vertes et moi nous ne
copinons pas. Mis à part les cactus n’exigeant que peu d'eau et résistant,
vaillants, à mes soins farfelus, je ne me souviens pas de quelconque verdure
« enjunglant », téméraire, un pan de mon salon. En revanche ! les arbres ! Bon sang
que je les aime au rythme des saisons ! Au printemps lorsqu’éclatent... Non !
Comment le traduire ? Exprimer l'émotion qui chamboule mon être à n'en plus
savoir dire un seul mot tant je vibre ? Peut-être est-ce cela, redevenir enfant
: regarder, contempler, à s'en émerveiller, et accepter que là où nos yeux
vagabondent, aucun langage humain n'a droit à la parole, excepté pour prier :
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« Ô mon Dieu ! Que c'est beau ! » Vu sous l'angle « passion », j'envie un peu... parfois... les
amoureux des plantes auxquels il est aisé de fabriquer l'émoi d'un luxuriant
décor sans quitter leur confort. Puis je me ressaisis : un arbre ! En ma
chaumière ! Est-ce bien raisonnable ? Ne risquerais-je point, à force d'appuyer
ma tête à son tronc nu, de ne le regarder qu'avec l'indifférence accordée aux
objets fonctionnels et banals tels... un ramasse-miettes ou une brosse à dents
? Nenni ! Je m'y refuse. Lorsqu’aux froids de l'Avent me tenaille en plein cœur
cet impérieux besoin de branchage à tout prix, j’imagine une toile entre songe
et décembre où, naturellement vers minuit me rejoint, son peintre-aquarelliste
en chemin vers Noël. Et j'invente, éveillée :
Tu
viendras doucement par l’envers du tableau Et
je saurai ton pas, ta discrète présence, Au
frôlement léger de tes pieds sur la neige. Tu
diras… et puis non ! tu ne parleras pas. Simplement
à mon cou glacé tu noueras Une
écharpe de laine. Alors tu t’assiéras.
Sur le banc,
recueillis, nous vibrerons ensemble Aux
échos mystérieux du silence à l’hiver Et
lorsque par le vent soufflés mille cristaux Danseront
sous l’aura de la lanterne blonde, Nos
yeux mi-clos verront, à fleur de notre rêve, Poudroyer
des étoiles. Alors tu souriras.
Magiciennes
nocturnes éveillant les fenêtres Quelques
bougies, sans doute – allumées une à une À
l’heure où les secrets des âmes se chuchotent – Esquisseront
pour nous, au tulle des voilages Des
carreaux le contour… croix d’ombre et de lumière Sacralisant
la nuit. Alors… tu partiras…
Et
si, seule en la nuit dès lors impressionnante Je
ne pleurerai pas, quand bien même égarée En
plein cœur du tableau, c’est qu’avant de te fondre Au
flou de ses couleurs, d’un trait tu auras peint, Vigoureux
sur la toile, un arbre imaginaire Qui
m’ouvrira ses bras. Alors j’y dormirai. |
Un sapin frais coupé pour
prolonger mon rêve ! Bien sûr ! j'y ai songé ! applaudissant Noël et cette
tradition d'arbre au chaud des maisons. Mais, malheureusement (qu'est-ce qui
m'a pris, mon Dieu ! de réfléchir autant ?) à force d'y penser, le charme s'est
brisé face à cette évidence : tout de vert et si beau qu'il cherche à me
séduire, embaumant la résine à m'en tourner la tête, un sapin frais coupé est d'abord, avant tout... un triste sapin mort !
… J'aurai beau m'appliquer à créer l'illusion de force et de
vigueur en glissant à ses bras des bougies
enflammées... j'aurai beau le parer de boules
éclatantes, et réchauffer son bois sous d'écharpes-guirlandes… rien n'y pourra non... rien. Mon arbre sera mort !
Pèlerin pessimiste ! Oh non ! Détrompez-vous
! Car je sais bien qu'au bout de mon chemin d'Avent s'en ouvrira, demain, un
second à mes pieds, qui, sous flocons de neige et poussière de cendres,
emmènera mes pas de l'hiver au printemps
jusqu'à cette colline où
je verrai dressé sous le Ciel déchiré, l'arbre apparemment sec d'une Croix
toute nue sur laquelle avant Pâques et sans faire illusion, le Dieu de mon Noël en sève aura verse Sa Force et Sa Vigueur, afin que son bois mort soit imprégné
de Vie. |
Alors, à deux genoux comme on cueille un
cadeau, je le déterrerai pour l'emmener chez nous... où je l'y planterai !
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