14 DÉCEMBRE JOUR BLANC
Aujourd’hui c’est jour blanc, vraiment dans tous les sens. D’abord au froid carreau de mon calendrier : de la neige partout ! à m’en geler les doigts dès que je l’ai ouvert. Et puis, j’ai la lessive. Mission incontournable au milieu de l’Avent surtout si, pèlerin, je me dois de troquer la bure et le bâton (!) contre mon tablier. Alors bon ! Allons-y ! Sus aux petit’s culottes, aux jeans et aux chaussettes. Heureusement pour moi – comme l’a, perspicace, affirmé mon fiston : « Ce n’est pas toi qui lav’ puisque t’as la machine ! » … en plus de « Dragnolux », le concentré miracle aux enzymes gloutons avalant tout d’un coup : cacao, jaunes d’œufs, même sauce au vin rouge. De quoi donc me plaindrais-je ? Les deux mains dans les poches en face du tambour savonnant à ma place, j’aurai tout mon lundi pour préparer Noël en mon âme et conscience. J’ignore un peu pourquoi – ou plutôt oui ! je sais : stupide analogie ! – lorsque je déversai dans son petit tiroir la poudre « avale-crasse-deux-en-un-c’est-si-doux ! », le slogan prometteur « Jésus lave plus blanc » entacha mon esprit d’auréoles douteuses. À sa suite fusèrent aussitôt dans ma tête un fatras d’indécences – non moins publicitaires – vantant les qualités d’un Dieu « Mister Proper » bon marché, efficace et, couronnant le pack sous la juteuse aura de « Coca Cola light », un badge « Jésus-Christ » aspergea ma mémoire, avant de l’entraîner dans l’éclatant sillon de deux skis garantis du « blanc… plus blanc que neige ! » de leurs autocollants.
« Jésus-Christ est le roc. Amis, dansons le rock… le rock sur le vrai roc ! » … dérision, dérision ! Quand tu nous prends la main et nous mènes valser au rythme du grotesque … Afin de changer d’air, tandis que la machine essorait mes chemises, j’ai sauté dans mon break via la « cathédrale » arrogante et sans chœurs du Centre Commercial. Bien que la tête ailleurs, pas de risque pour moi d’en rater le parking. Sous mon nez précisant, sur sa lucarne arrière : « Jésus est le chemin », un fourgon me guidait… ceci jusqu’au moment où, sans le signaler, il me coupa la route. Pied planté sur le frein pour éviter le pire, je distinguai pourtant, ornant son garde-boue et paraphant, coquine, la chauffarde manœuvre, la queue d’un poisson rouge par chance sans arêtes ! Merci pour mes pneus-neige !
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