PHILOSOPHIE DU CONTRETEMPS

rejoindre en plein hiver les cocotiers bordant le sable ambré des plages sous le soleil d'Hawaï... et maudire, dédaigneux, les rameaux saupoudrés du givre matinal étoilant, silencieux, notre « ici-maintenant » !

Contre toute attente :

ne pas apprivoiser ni nourrir les mésanges tapotant, affamées, aux carreaux des fenêtres, mais dévorer des yeux l'ailleurs d'un horizon d'où viendra l'hirondelle !

Contre toute attente :

bannir les mandarines embaumant, pétillantes, nos intimes veillées... et suçoter, avides, les fraises inodores et sans goût des frimas !

Contre toute attente :

immoler par le feu l'hiver et son bonhomme avant que d'enneiger, à blancs coups de canon, les talus et les pistes des skieurs au printemps !

Contre toute attente :

grignoter à l'envi, aux jours gris de Carême, le croquant chocolat des lapins et des poules et, à l'aube de Pâques, décréter, dégoûtés, un jeûne draconien !

Mais... sublimant l'attente : 
n'y a-t-il pas, sous le ciel, un temps pour chaque chose ?

Un temps pour naître au monde et un temps pour mourir;
un temps pour féconder et un temps pour cueillir;
un temps pour aujourd'hui et un temps pour demain...

Dès lors, au saut du lit de ce divin matin... vous dirais-je :
« Bonjour et Bon Carême ! » ou bien... « Joyeuses Pâques » ?