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PLUMERRANCE

Publié le 1995 par Modotre

Et même si ma plume vide
N'envague plus mes bleus quatrains
Dans un océan d'encre fluide
Où s'éclaboussaient mes dauphins...

Si, bec en l'air, elle rechigne
A désaltérer les moineaux
S'ébouriffant à chaque ligne
De mes innocents fabliaux...

Je n'irai pas, outre la grève,
A marée haute l'immerger
Sous l'horizon d'un nouveau rêve.
... D'ailleurs, je ne sais plus nager ...

Je suivrai plutôt ma faiblesse,
Traînant mes pas jusqu'au sentier
Et las, ficherai la traîtresse
En plein cœur d'un fût printanier

Pour... qui sait ? juste après-matines,
Soûle encor d'avoir siroté
Le nectar grisant des racines,
Elle enivre un bourgeon greffé

Au vergé d'une blanche feuille
D'où jaillira mon poémier...
Et si pour moi ses fruits je cueille, 
J'offrirai leurs vers au papier !
Marie-Claude Pellerin
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