La Messagère ! Ouf ! Je ne l'ai pas croisée au gai des frais carreaux de mon calendrier. Rentrant des commissions, c'est devant un supermarché aux néons agressifs que je l'ai vue - ô Dieu ! - harponner sans vergogne un à un les passants, tous, à n'en pas douter, mécréants potentiels méritant châtiment ou, du moins... à ses yeux !
... Même sans la besace éreintant son dos rond d'une tonne de tracts qu'elle
imposait « gratis ! - mieux vaut deux plutôt qu'un.... »
... même sans la besace et sans son boniment, je l'aurais reconnue, identique à ses
clones en son déguisement :
Chignon sévère et trop serré Auréolant son plat visage Que ternissait, gris compassé, Un regard dont le froid langage
Ne traduisait que le Devoir… Triste robe à plis symétriques Permettant juste d’entrevoir Sous l’ourlet deux pieds apathiques,
Elle avançait à traîne-cœur Pour offrir – ô ! Bonne Nouvelle ! – Le feu de l’Enfer au pécheur En guise de Vie Éternelle.
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L'évitant de justesse - pèlerin de l'Avent d'un souple grand écart - j'ai rejoint ma tanière, faisant mien ce sonnet pour gommer son bla-bla.
Et dès lors sans brutalité - se jurait le petit poète - Du bleu de ma plume secrète À lent tempo d’Éternité,
Je désarmerai l'âpreté De tout prêcheur qui, faux prophète, Bouche-claironne à casse-tête Le tocsin de sa vérité.
J'irai cueillir la transparence En un Au-Delà de Silence Et, pour ensoleiller nos yeux,
J'inventerai des mots Lumière Qui diront la langue des Cieux Au clair d'un regard en prière. |